Des crises douloureuses nocturnes violentes qui réveillent l’enfant
« Les douleurs que l’ion étiquette « de croissance » et qu’il serait peut-être préférable de dénommer « douleurs idiopathiques nocturnes » n’ont toujours pas de cause connue. »
« Ces douleurs dans les jambes, qui surviennent à l’âge de quatre à dix ans, sont en général très violentes et réveillent l’enfant la nuit. Leur tableau est tout à fait typique. L’enfant pleure dans son lit et se réveille deux, trois nuits de suite, ce qui affole les parents. Les douleurs vont se répéter sous la forme de quelques accès à l’intervalle de plusieurs années de suite, puis disparaîtront un jour aussi rapidement qu’elles sont apparues. »
Les enfants décrivent l’existence d’une douleur très intense au niveau de la face antérieure du genou, de la crête tibiale ou des mollets, mais l’examen clinique est totalement normal et la seule mesure qui semble avoir une certaine efficacité, consiste à faire des massages, alors que le paracétamol et l’ibuprophène sont en général inactifs. Aucun élément psychogène particulier n’est associé à ces douleurs.
« Face à un tel tableau, notamment lorsque la douleur existe depuis quelque temps et que l’enfant va bien par ailleurs, on peut se passer de toute autre exploration complémentaire, ajoute le Dr Gandon-Laloum. Mais il faut se méfier si l’enfant est très jeune ou est préadolescent, car on n’observe pas de douleur de croissance dans ces tranches d’âge. »
« Dans tous les cas, l’interrogatoire est fondamentale face à un enfant, qui décrit des douleurs dans les jambes et il fournit à lui seul 90 {b0ae06405bf80f4610b58226809a6a60756c771b58495f2fa1b087cddd652ba1} des éléments diagnostiques. Il faudra ainsi bien préciser l’ancienneté de la douleur, si elle survient la nuit, ou plutôt le jour, est ou non d’aspect mécanique, si elle est localisée ou diffuse, uni ou bilatérale, si l’enfant pratique un sport et avec quelle intensité. »
Un enfant de moins de trois ans ne présente pas normalement de douleur de croissance et n’a pas de raison de souffrir de douleur dans les jambes, en dehors d’un traumatisme passé inaperçu, responsable d’une fracture sous-périostée assez fréquente lors de l’acquisition de la marche. En l’absence de cette étiologie, il faut donc impérativement rechercher une cause à ces douleurs durables et penser à la possibilité d’une leucémie ou d’un neuroblastome, l’altération de l’état général pouvant manquer au début et les douleurs osseuses diffuses étant un mode d’expression habituel de ces tumeurs malignes.
Chez un grand enfant de 12-13 ans, une douleur profonde qui réveille la nuit n’est jamais normale et doit conduire à réaliser un bilan radiographique complet qui ira souvent jusqu’à l’IRM à la recherche d’une cause pouvant expliquer ce signe clinique. Il arrive malheureusement que certaines de ces douleurs soient en rapport avec tune tumeur maligne, notamment un ostéosarcome ou un sarcome d’Ewing qui existe depuis plusieurs mois en l’absence de tout autre signe clinique.
Face à des signes de douleur mécanique, il faudra évoquer une ostéochondrite, notamment chez les enfants d’âge moyen ayant une activité sportive importante. Ces ostéochondrites, dont le mécanisme est tout à fait différent des ostéochondrites de la hanche que l’ont voit chez les jeunes enfants, sont favorisées par les microtraumatismes, le plus souvent sportifs, qui induisent une modification de l’ossification endochondrale des apophyses d’insertion tendineuse. « Leur pronostic est bon, mais les enfants n’acceptent pas toujours d’arrêter le sport quelque temps, alors que l’immobilisation représente le traitement classique de ces ostéochondrites et on est parfois obligé de plâtrer ». On peut aussi rencontrer chez les enfants sportifs des fractures de fatigue, qui se manifestent elles aussi par des douleurs mécaniques localisées.
Si le tableau est typique, on peur passer de toute exploration complémentaire. Par contre, en cas de doute certains examens peuvent être nécessaires.