Le Doigt à ressaut de l’adulte

Il se manifeste par des blocages à répétition lors de l’extension d’un doigt. Il est idiopathique dans la grande majorité des cas.

Le doigt à ressaut (appelé aussi « doigt à ressort ») peut revêtir deux formes très différentes : celle de l’enfant et celle de l’adulte.

Le caractère congénital de la première est accepté, même si la flexion permanente, le plus souvent de l’interphalangienne du pouce, peut initialement passer inaperçue des parents. Susceptible de disparaître spontanément jusqu’à l’âge de 2 ans, elle ne nécessite un traitement chirurgical qu’au-delà de cet âge. La forme de l’adulte est beaucoup plus fréquente.

Le Doigt à ressaut clinique

Le doigt à ressaut se manifeste par des blocages à répétition lors de l’extension d’un doigt (le plus souvent le quatrième). Le doigt reste fléchi alors que les autres ont effectué une extension normale. Le déblocage produit un déclic avec phénomène de ressaut.

L’atteinte de l’adulte intéresserait plus souvent la femme, prédominerait sur le pouce, le médius et l’annulaire, atteignant parfois plusieurs doigts simultanément ou successivement (notamment chez le diabétique). Elle peut revêtir différentes formes selon le stade : au début, simple gêne à la mobilisation rapide du doigt ; elle entraîne ensuite un ressaut le plus souvent douloureux, d’abord uniquement le matin, puis survenant de plus en plus fréquemment au cours de la journée ; dans les formes évoluées, l’extension devient impossible sans l’aide de l’autre main, et survient enfin un blocage soit en flexion, soit en extension (simulant une rupture tendineuse).

L’examen révèle en outre, dans les formes évoluées, un nodule palmaire (sur la poulie A1, c’est-à-dire en regard du pli palmaire distal) sensible à la palpation. Cette atteinte est en général facile à distinguer des rares ressauts articulaires (crête osseuse, ostéophytose…) qui siègent volontiers à l’articulation métacarpophalangienne, où ils s’accompagnent d’un déficit d’extension invincible.

Circonstances étiologiques

Dans la grande majorité des cas, le doigt à ressaut est idiopathique, et des analyses anatomo-pathologiques ont mis en évidence une métaplasie fibro-cartilagineuse de la poulie A1. Cependant, il peut survenir au cours d’un diabète ou d’une polyarthrite rhumatoïde, mais est rarement révélateur de la maladie. Il est à noter que, dans le cadre de la polyarthrite rhumatoïde, l’index est le plus souvent touché. L’hémodialyse chronique expose aussi à sa survenue.

La plaie partielle d’un fléchisseur peut aussi être responsable d’un véritable ressaut, cela nécessite la recherche systématique d’une cicatrice cutanée. Enfin, quelques cas de tumeurs tendineuses responsables de doigt à ressaut ont été publiées.

Pathologies d’accompagnement

Ce sont le syndrome du canal carpien, la ténosynovite de De Quervain, la compression du nerf cubital au coude.

  • La survenue d’un engourdissement douloureux des deux mains réveillant une femme à la cinquantaine, au petit matin, sans cause précise, associé à une maladresse, fait immédiatement suspecter le syndrome du canal carpien. Dans ce contexte, bien que souvent idiopathique, il doit faire chercher un diabète.
  • La ténosynovite de De Quervain est une affection douloureuse siégeant en regard de la styloïde radiale . L’extension-abduction contrariée du pouce réveille la douleur chez la patiente. Il faut rechercher le signe de Finkelstein (pouce fléchi dans la paume, le poignet mis en inclinaison cubitale réveille la douleur).
  • Le syndrome de compression du nerf cubital se manifeste par une atteinte sensitive dans le territoire de ce nerf. Les muscles intrinsèques souffrent à des degrés divers, amorçant une griffe cubitale encore discrète. Il peut y avoir un signe de Froment. Il existe un signe de Tinel sur le trajet du nerf. Parfois, la flexion du coude en position main sur épaule réveille la douleur en moins d’une minute.

Le Doigt à ressaut de l’adulte

Pathologies d’accompagnement

Pour la forme classique avec hypertrophie de la gaine, le traitement, selon certains auteurs, ne serait pas toujours nécessaire. Bien qu’une disparition spontanée soit possible, cette issue reste aléatoire et peut entraîner une incapacité prolongée. L’infiltration de corticoïdes est souvent efficace. Cette efficacité dépend en partie de la technique, et les auteurs qui se sont intéressés à ce problème obtiennent 60 % de guérisons.

Deux techniques sont utilisables, selon que l’aiguille est introduite de proximal en distal (technique classique) ou de distal en proximal par le bord latéral du doigt. Si, après la première injection, la récidive survient en moins d’un mois, le risque d’échec du traitement médical est important.

En cas d’échec ou de contre-indication du traitement médical, l’indication chirurgicale est retenue. Effectuée sous anesthésie loco-régionale et en ambulatoire, la chirurgie est simple et efficace. Quelle que soit la technique chirurgicale, une mobilisation active est autorisée dès le lendemain de l’opération.