CAS CLINIQUE : UN RISQUE THROMBOEMBOLIQUE MAJEUR
Mme Stéphanie S… a eu tort de ne pas faire pratiquer son écho Doppler…
L’accouchement de Mme S…, 27 ans, remonte à 3 mois. Depuis, bien qu’elle soit pratiquement revenue à son poids antérieur, elle se plaint de lourdeurs de jambes avec une nette prédominance gauche. Son médecin traitant trouve à l’examen clinique une varicose diffuse banale, préexistante à la grossesse, de caractère héréditaire net puisque sa mère et sa grand-mère ont subi une chirurgie veineuse d’exérèse précoce. De plus, le praticien semble palper une saphène interne gauche incontinente depuis l’ostium, légèrement douloureuse à la pression. Il conseille alors à Mme S… de faire effectuer une échographie Doppler veineuse des membres inférieurs, une indication opératoire lui paraissant très probable. Cette perspective n’entraîne pas une adhésion enthousiaste de Mme S… Elle garde des lourdeurs de jambes et range soigneusement sa prescription d’écho Doppler sous une pile de journaux. Malheureusement, une quinzaine de jours plus tard, toujours à gauche la lourdeur se transforme en une franche douleur sur toute la face interne de la cuisse, depuis le genou jusqu’au Scarpa.
En 48 heures, un cordon dur, inflammatoire, de 30 cm avec des nodules douloureux sur son trajet n’échappe pas à la simple inspection.
Prise de panique, Mme S… retrouve non sans mal son ordonnance et se précipite chez le plus proche angéiologue et là, l’écho Doppler montre que non seulement le thrombus occupe toute la lumière de la saphène interne jusqu’à la crosse, mais que son extrémité a franchi la valvule ostiale et flotte librement dans la veine fémorale… Situation non exceptionnelle et qui représente une véritable urgence vasculaire : le risque embolique restera majeur tant que les mesures médico-chirurgicales ne seront pas appliquées. Le traitement repose, dans l’immédiat, sur une anticoagulation par HBPM à doses curatives et dans les jours qui suivent sur une intervention avec au minimum ligature-résection de la crosse saphène interne et si possible l’éveinage de la saphène interne.