Quand le sport nuit à la croissance

Quand le sport nuit à la croissance


Les ostéodystrophies de croissance correspondant à des lésions micro-traumatiques et ischémiques du cartilage de conjugaison, essentiellement des membres inférieurs, mis à rude épreuve par la pratique sportive. Elles méritent un diagnostic et un traitement précoces pour que l’avenir fonctionnel du membre concerné soit réservé.

L’essor de la pratique sportive dès le plus jeune âge, l’intensification et la diversification des sports pratiqués par les enfants et adolescents sont à l’origine d’une recrudescence des pathologies liées à la croissance. Dans cette catégorie d’âge, les structures tendineuses et le périoste étant très résistants, la zone de fragilité se situe au niveau de l’insertion du tendon sur la structure osseuse. Celle-ci est constituée par les noyaux d’ossifications primaires et secondaires qui ne sont pas encore soudés.

Ces pathologies (appelées aussi apophysoses ou ostéodystrophies) ont une origine vraisemblablement mixte, micro-traumatiques et ischémiques et sont d’une grande prévalence dans cette classe d’âge. Elles apparaissent habituellement entre 8  et 14 ans, touchent plus fréquemment les garçons que les filles, ont volontiers un caractère bilatéral, mais prédominent souvent en regard du membre dominant.

La pointe de la rotule et le calcanéum.

Les ostéodystrophies de croissance touchent surtout le membre inférieur, surface portante du corps sur laquelle s’amarrent des muscles puissants. Les plus connues concernent :

  • la pointe de la rotule (maladie de Sinding Larsen-Johansson), la tubérosité tibiale antérieure (maladie d’Osgood-Schlatter) pour le tendon rotulien,
  • le calcanéum (maladie de Sever) pour le tendon d’Achille.

Elles sont le plus souvent le fruit d’une modification brutale, qualitative (modification de matériel, séances d’entraînement trop rapprochées, échauffement et étirement mal effectués) ou quantitative (trop grande intensité des séances, stages intensifs, confrontation avec des partenaires d’un niveau supérieur…) de l’entraînement sur des organismes un peu surmenés dont la maturation osseuse n’est pas encore achevée.

Leur diagnostic est la plupart du temps aisé et repose sur un interrogatoire précis et complet s’enquérant :

  • des antécédents personnels et familiaux du jeune patient
  • du sport pratiqué et du niveau de sa pratique
  • d’éventuelles modifications brutales, qualitatives ou quantitatives de l’entraînement

Un trépied diagnostique

L’examen clinique met rapidement en évidence le trépied diagnostique classique :

  • une douleur à la mise en étirement passif du groupe tendino-musculaire concerné.
  • une douleur à la contraction résistée du même groupe tendino-musculaire
  • une douleur à la palpation de l’insertion tendineuse (ou enthèse)

Dans les formes typiques, l’examen clinique suffit habituellement au diagnostic. Les radiographies éventuellement réalisées ou bien sont normales ou bine mettent en évidence un noyau apophysaire fragmenté, irrégulier ou condensé

Trois volets thérapeutiques

Le traitement comporte trois volets indispensables et indissociables

  • Le repos relatif ou absolu ( en fonction de la sévérité des lésions et de l’adhésion du jeune patient aux recommandations médicales) est obligatoire, car il limite les tractions de l’appareil tendino-musculaire sur les noyaux céphaliques permettant ainsi la guérison des lésions. Sa durée est variable en fonction
    • du site lésionnel
    • de l’intensité des douleurs et de l’impotence fonctionnelle
    • du sport pratiqué et de son niveau de pratique
    • du stade de développement pubertaire

Il est habituellement supérieur à deux mois, ce qui chez nos jeunes sportifs, leurs entraîneurs mais aussi leurs parents, est considéré comme un couperet difficilement acceptable.

Dans les formes hyperalgiques ou chez des jeunes patients inobservants, le repos est parfois associé au port d’une immobilisation relative ou totale en position de détente tendino-musculaire, sous la forme d’une attelle amovible voire d’un plâtre.

  • Une rééducation appropriée, analytique, vise à étirer le système tendino-musculaire et à calmer les douleurs grâce à une cryothérapie pluriquotidienne t à la diélectrolyse de gels d’AINS.
  • Le traitement médicamenteux consiste essentiellement en la prescription d’AINS par voie  générale pendant une dizaine de jours environ. Cependant, ceux-ci ne sont pas d’une grande efficacité compte tenu du caractère mixte, à la fois micro-traumatique et ischémique, de ces ostéodystrophies de croissance.

Les infiltrations cortisoniques sont déconseillées dans cette tranche d’âge, car elles ne sont pas efficaces et peuvent surtout léser le cartilage de conjugaison.